Lancé le 21 juin dernier par le ministre provincial des
mines, le processus d’identification biométrique des exploitants artisanaux œuvrant
dans le site de Bisie devrait prendre dix jours. Mais il s’est butté à des
résistances imposées par les responsables des coopératives minières qui ne
voulaient pas que ce secteur soit organisé. Après, les creuseurs ont compris cette manipulation
jusqu’à introduire un recours qui s’est soldé à la reprise de la biométrie le 22
juillet dernier.
Avec l’identification biométrique des creuseurs,
tous les indices sur le terrain montrent que l’on chemine vers la fin de
l’exploitation illicite des minerais dans le centre de négoce de Bisie, situé à
181 Km à l’Ouest de la ville de Goma. Au total
1200 exploitants artisanaux se sont faits identifiés au camp « ma noiré » de
Bisie pour acquérir leur carte professionnelle. A en croire la Commission
Nationale de Lutte contre la Fraude Minière(CNLFM), un service du ministère national des mines en
charge de cette opération, plusieurs
centaines d’exploitants miniers étaient attendus
pour s’identifier afin de distinguer les vrais de pseudo-exploitants miniers.
Cette
identification servira aussi à lutter
contre la fraude et encourager la traçabilité
des minerais à l’intérêt des creuseurs artisanaux ainsi que de l’Etat Congolais,
a expliqué l’un des responsables de
cette opération retrouvé au centre de
négoce de Bisie. «Cette identification a
double intérêts pour les creuseurs, à savoir : les identifier pour qu’ils
soient reconnus par l’Etat Congolais comme creuseurs artisanaux, mais aussi
leur permettre un accès au site durant un moratoire de sept
mois » explique-t-il. Et de poursuivre, cela doit leur faciliter le travail mais aussi
permettre à l’Etat de contrôler efficacement le trafic des minerais dans cette
entité pendant cette période de 7 mois qui leur reste.
L’identification n’a que d’avantages
Quant
à la vente des produits finis, le ministère de tutelle a contacté certaines
entités de traitement des minerais
où les exploitants artisanaux identifiés
devront désormais écouler leurs matières premières sur place. «Je dois avouer que ce que vient de
réaliser notre ministre est très important pour nous, car désormais, cette
carte nous différencie de creuseurs opportunistes. On peut vendre nos matières
premières ici sans incorporer les frais
de transport», dit Jean Bunakima, l’un des exploitants qui ont déjà plus
d’une décennie dans ce camp. Et d’ajouter, il y a peu, tout le monde
s’improvisait creuseur, mais hélas! Les creuseurs sont désormais connus et
peuvent protéger leur profession avec l’acquisition de cette nouvelle carte.
les exploitants artisanaux entrain de s’identifier |
Les
creuseurs sont désormais en règle avec l’Etat Congolais. Omari Bashonga,
président des propriétaires des puits retrouvés dans une laverie de
minerais donne son impression : «franchement,
je suis très content que notre gouvernement ait donné la deuxième chance à mes
concitoyens creuseurs, nous serons en fin en ordre et les gens qui nous rebellaient
contre l’Etat seront finalement déçus», estime-t-il. Dans la même veine,
madame Françoise Sakina, connue sous le surnom de mère chef dans ce camp, une
femme propriétaire de sept puits des minerais, avec à sa suite 150 creuseurs
artisanaux qui travaillent pour son compte, pense que l’avènement de cette
identification des exploitants artisanaux va éclairer la lanterne :
« certains fauteurs de trouble
mettaient de l’huile sur le feu, pour
nous diviser avec les autorités de règlementation dans le secteur de mine pour
qu’ils continuent à s’enrichir illicitement. Cette fois-ci, tout reviendra en
ordre ». Cette femme creuseur pense qu’après le moratoire leur
accorder, l’Etat Congolais leur cherchera un autre endroit pour continuer leurs
activités minières.
Des confessions
intimes
Mère
chef, s’est confessée devant la presse
pour s’être fait manipuler par certains responsables des coopératives de
minerais dans le Bisie. « Avant tout, je présente mes excuses aux
autorités, car nous avons été trompés par
nos collaborateurs des coopératives», se confie-t-elle.
un exploitant artisanal exhibe sa carte après l'identification |
Toutefois,
Cette opération d’identification est la résultante des résolutions de toutes
les parties prenantes composées de la Fédération
des Entreprises du Congo/ chambre des mines, les entités de traitement du Nord-Kivu, les Négociants ,les exploitants
artisanaux de Walikale, la société Alphamin Bisie Mining, les services des
mines du Nord-Kivu, gouvernement
provincial, le CNLFM et le PACT/ITSC issues des travaux
d’échange organisés par la commission nationale de lutte
contre la fraude minière à
Walikale qui stipule dans son point B, d’accorder pour une raison pacifique, un
moratoire de sept mois, avant de déguerpir les exploitants.
Signalons
que cette carte d’exploitant artisanal a une validité de 7 mois à compter
du 1er juin dernier jusqu’au
31e Décembre prochain. Ce
document a aussi la mission de déplacer
pacifiquement les exploitants artisanaux de Bisie dans un autre site viable ciblé
par le gouvernement la RD Congo.
Norbert Mwindulwa
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